Pygmalion

Gilles Bizouerne

[NS] sur l’île de Chypre il y avait un homme qui n’aimait pas les femmes. sur l’île de Chypre il y avait un homme qui était sculpteur il vivait pour son art et uniquement pour son art. pourtant il passait ses journées à sculpter un bloc de marbre pour dessiner les formes d’une femme. sans doute pour montrer aux autres hommes les nombreux défauts qu’avait cette créature. ce sculpteur s’appelait Pygmalion. chaque matin très tôt il se levait et avec minutie et beaucoup d’amour il sculptait la pierre bloc après bloc. le marbre se dessinait les pieds délicats puis des genoux des hanches une légère poitrine des épaules et deux bras le long du corps un visage des cheveux d’ivoire. ensuite il a dessiné le nez la bouche il a terminé par les yeux. il n’était pas complètement satisfait il a fait le tour de son œuvre il est revenu il a fait quelques touches par-ci par-là réajusté les yeux et il a regardé la femme qui était devant lui. il l’a contemplée. tout de suite il en est tombé amoureux et ce qui le répugnait jadis l’attirait désormais. alors naturellement il a avancé son visage contre la statue il a embrassé ses lèvres et il les a senties froides il a caressé la main de celle-ci elle n’a pas bougé il lui a parlé sans réponse c’était pas grave il est parti rapidement dans la forêt il a été cueillir des fleurs et des feuilles il en a fait un collier tressé il l’a ramené il l’a déposé juste au niveau du cou de la belle elle n’a pas souri alors il a acheté des vêtements il l’a habillée et il lui a parlé. le soir il l’a transportée dans sa couche et juste à côté de lui elle était là il a posé la tête contre son visage et réconforté il a trouvé le sommeil. le lendemain matin dès qu’il s’est réveillé il l’a regardée elle n’avait pas bougé il a continué ainsi pendant quelques jours puis au bout d’un moment il a vu que tout ceci ne ne servait à rien. alors il a remis la statue où elle était et il a pleuré qu’il a exprimé sa souffrance qu’il a hurlé au vent sa douleur ses larmes tombaient sur le sol ses cris sont partis au loin et se sont élevés vers les cieux. là-haut (ils) sont venus chatouiller l’oreille de la déesse de Vénus la déesse de l’amour elle a vu Pygmalion qui était tombé éperdument amoureux de son œuvre elle a trouvé cela original. peu ordinaire. elle a décidé d’accéder à ses prières. quelques mois plus tard à Chypre on rendait hommage à la déesse. tous les amoureux déçus étaient là. tous les futurs prétendants. tous ceux qui se sentaient le cœur solitaire. ils faisaient la queue les uns derrière les autres devant l’autel. parmi eux Pygmalion était là il attendait son tour. quand il est arrivé devant l’autel il s’est agenouillé (et) il a prié de tout son cœur il a demandé à Vénus de lui donner une femme au moins aussi belle que sa statue. la déesse l’a entendu elle a su lire dans son cœur la véritable envie qui était derrière sa question et elle y a répondu. Pygmalion a vu la flamme de l’autel s’élever trois fois il a souri il est sorti de l’autel précipitamment il a bousculé les gens qui attendaient et il est rentré en courant chez lui il est arrivé dans sa maison il a regardé. la statue était là seule. il s’est rapproché il en était toujours amoureux il a contemplé encore une fois l’ouvrage de ses mains il n’a pas pu résister. il s’est rapproché il l’a embrassée pour la centième pour la millième fois. mais cette fois-ci au contact de ses lèvres il a senti une tiédeur sa main a glissé le long de l’épaule de l’objet de son désir. il a senti l’épaule lisse. elle est descendue le long de son bras elle a serré le poignet il a senti les veines une chaleur le pouls qui battait il s’est senti fou de joie il a remercié la déesse pour ce miracle et il a attendu. quelques secondes après la belle a ouvert les yeux elle l’a regardé et tout de suite elle a rougi il a pris sa main et ils sont rentrés tous les deux dans la maison de Pygmalion. il a donné comme nom à sa femme Galatée. le jour de leur mariage Vénus était présente. plus tard ils ont eu un fils qu’ils ont nommé Paphos quant à Pygmalion et Galatée nul ne sait ce qu’ils sont devenus [end]