Pokou 2

Gilles Bizouerne

[NS] il y a pas longtemps j’ai eu la chance d’aller en Afrique pour quelques mois en Afrique du nord en Afrique de l’ouest. ce soir je vais vous raconter une histoire qu’on m’a racontée là-bas pour rendre hommage à la personne qui me l’a racontée pour rendre hommage à l’histoire. écoutez donc l’histoire d’une femme reine noire. à jamais restera dans le cœur la mémoire du peuple Baoulé du peuple Baoulé. il y a bien longtemps vivait au bord du lac Enkam une tribu paisible de nos frères. la reine qui se nommait Pokou régnait en maître sur les habitants elle était généreuse et d’une splendide beauté un matin de nombreux guerriers sont arrivés comme des gnous immigrants au moment de la pluie. ils ravageaient tout sur leur passage le peuple de Pokou s’est réuni et a décidé de fuir. les femmes devant les vieillards ensuite. puis les guerriers. et tout à la fin la reine qui était aussi une mère elle portait dans son dos son fils de six mois et la longue colonne est partie à travers la brousse. [music starts] l’ennemi les talonnait. sur leur passage le sanglier s’enfuyait le lion ne s’approchait pas le singe partait de branche en branche. l’ennemi s’approchait toujours plus. on essayait de fuir toujours de l’avant. au début les broussailles et les épines déchiraient les pagnes puis les chairs. affaiblis attristés les gens continuaient on entendait le cri retentir juste derrière qui s’approchait qui s’approchait écoutez donc l’histoire d’une femme reine noire. à jamais demeurera dans le cœur la mémoire du peuple Baoulé. un matin enfin ils sont arrivés devant une rivière et là ils ont constaté que celle-ci remuait en tous sens des torrents allaient jusqu’à la cime des arbres les eaux se fracassaient contre les rochers impossible d’avancer impossible de passer mais derrière le danger était là menaçant s’approchant. alors le sorcier s’est mis par terre et a commencé à prier tracer des signes [end]

[DD] [incantation] [end]

[NS] réciter des formules [three clicks] puis il a regardé le peuple [end]

[DD] l’eau est mauvaise l’eau est mauvaise nous devons donner ce que nous avons de plus cher [end]

[NS] les hommes se sont rapprochés ont jeté leur(s) arme(s) juste dans l’eau mais la rivière ne s’est pas calmée alors le sorcier a recommencé [end]

[DD] [three clicks] l’eau est mauvaise l’eau est mauvaise nous devons donner ce que nous avons de plus cher [end]

[NS] les femmes se sont avancées à leur tour elles ont jeté les bracelets d’or et d’ivoire on a regardé la di- rivière mais rien ne s’est calmé le sorcier à nouveau s’est posé [end]

[DD] voici ce que nous avons de plus cher [end]

[NS] et il a montré l’enfant qui était dans le dos de Pokou mais la mère était aussi une reine alors elle a défait son boubou pris son enfant dans ses mains et l’a amené juste au niveau de la berge puis elle lui a souri et elle l’a plongé dans les eaux tumultueuses. aussitôt la rivière s’est calmée on a vu un énorme hippopotame se dresser et courber son dos puis derrière lui un second un troisième un quatrième les gens affolés par les cris qui se rapprochaient ont commencé à sourire une flamme de force est revenue en eux les femmes sont passées d’abord les vieillards ensuite puis les guerriers tout le peuple s’est agenouillé sur la berge d’en face ils ont attendu leur reine. Pokou a été la dernière à passer lorsque son pied quittait le dos d’un hippopotame celui-ci s’en allait dans les profondeurs de la rivière. lorsqu’elle est arrivée sur la berge tout son peuple l’acclamait alors elle les a regardés elle (/et) leur a dit [end]

[DD] nous sommes sauvés mais baoulé [end]

[NS] en entendant ce mot sa tribu a décidé de porter son nom. baoulé veut dire l’enfant est mort encore aujourd’hui en souvenir de ce sacrifice les Baoulé vivent en Côte d’Ivoire [end]