Conte merveilleux - Zahara

Florence Desnouveaux

[NS] bonsoir par une nuit douce claire un jour est née une petite fille. son père un grand homme quand il l’a vue il lui a donné pour nom Zahara. et Zahara a grandi elle est devenue très belle très fine très intelligente elle était entourée de tant d’amour elle était si belle dit-on que lorsqu’elle ouvrait sa fenêtre sur le jour elle entendait s’élever dans tout le royaume et bien au-delà encore un chant d’amour en son nom Zahara. c’est ainsi qu’elle a grandi et qu’elle a embelli encore plus mais un jour elle a senti une grande fébrilité dans tout le royaume une terrible agitation elle a demandé et on lui a dit que tous les hommes étaient pris de folie d’amour pour elle mais elle ne voulait pas cela et elle a eu envie de soumettre à l’épreuve tous ces hommes qui disaient l’aimer et avant même que le soleil ne soit levé pour la saluer comme il le faisait chaque jour Zahara toute seule est partie sur le chemin elle a marché marché marché tout le jour un jour deux jours trois jours elle a continué de marcher et elle est arrivée face au désert immense. là il y avait une petite cabane en bois fermée par une lourde porte Zahara a ouvert la porte elle est entrée dans la cabane et elle a refermé la porte elle s’est assise sur le sol et là elle a attendu. déjà quelqu’un venait qui frappe à la porte. Zahara demande [end]

[DD] qui est là? [end]

[NS] c’est un homme qui est là [end]

[fDD] c’est moi ton amour [end]

[DD] laisse-moi ton nom et va-t’en [end]

[NS] répond-elle. l’homme dit son nom et déçu il s’en retourne. alors Zahara prend une couverture de laine elle prend une aiguille en or et du fil d’or et elle brode le nom de l’homme sur la couverture de laine. à peine vient-elle d’achever ce travail que quelqu’un d’autre frappe à la porte et elle demande [end]

[DD] mais qui est là? [end]

[fDD] c’est moi ton amour [end]

[DD] laisse-moi ton nom [end]

[NS RD] dit-elle [end]

[DD] et va-t’en [end]

[NS] l’homme dit son nom et lui aussi fort déçu il s’en retourne et Zahara brode le nom de cet autre homme il y a encore un autre homme qui est venu la voir et puis un autre encore il y en a bientôt dix et puis dix encore et les saisons succèdent aux saisons il y en a cent il y en a mille qui viennent la voir et chaque fois que Zahara entend [end]

[DD] c’est moi ton amour [end]

[NS] elle elle répond [end]

[DD] laisse-moi ton nom et va-t’en [end]

[NS] et elle brode le nom de l’homme sur la couverture de laine qui devient infinie et le temps passe ils sont des milliers à être venus maintenant mais bientôt ils ne viennent plus la voir oh ils en parlent toujours hein de Zahara mais c’est devenu une légende la légende de Zahara l’orgueilleuse celle qui a laissé flétrir sa beauté dans une simple petite cabane de bois à l’entrée du désert et tout le monde s’en moque mais elle elle est toujours là elle attend. un matin de l’autre côté du désert bien plus loin un homme a fermé la porte de sa maison. cet homme-là ce matin-là il a décidé de tout quitter il ne supporte plus les autres hommes il ne supporte plus leur soif de pouvoir il ne supporte plus les guerres non ce matin-là il a décidé de suivre les pas de ses rêves et ses rêves vont le porter loin très très loin il va voir de nombreux obstacles se dresser sur sa route mais il va les franchir il va continuer de marcher lui au lit lui aussi et ses rêves vont l’amener devant le désert. quand il va découvrir le désert il va trouver que ses rêves sont beaucoup trop grands pour lui jamais aucun homme n’a traversé le désert tout seul il ne peut pas continuer et quand il réalise cela il s’apprête à faire demi-tour pour rentrer chez lui mais à ce moment précis le vent du désert se lève et le vent amène une chanson la chanson de Zahara il l’emmène tellement doucement mais l’homme lui il entend la chanson il l’écoute et la chanson l’emporte et il traverse le désert. de l’autre côté il y a une petite maison en bois fermée par une lourde porte il s’approche il tend l’oreille il y a un souffle de vie à l’intérieur alors il frappe à la porte et il entend une petite voix qui lui demande [end]

[DD] qui est là? [end]

[NS RD] l’homme répond [end]

[DD] c’est toi mon amour [end]

[NS] et à ce moment-là la porte s’ouvre dans un long gémissement et l’homme voit sortir une petite femme toute petite toute vieille toute ridée toute menue toute chétive elle est entourée dans une immense couverture de laine dorée. lui il ne voit que la beauté de son regard il s’approche d’elle doucement et il tire à lui la couverture de laine et il va s’appliquer à défaire un à un tous les fils d’or cela va lui prendre sept jours et sept nuits mais au bout de ce temps-là on dit que des milliers d’oiseaux ont obscurci le ciel il y avait autant d’oiseaux qu’il y avait eu de prénoms brodés sur la couverture et on dit qu’au premier battement de leurs ailes toutes les rides de Zahara vont s’envoler et Zahara va apparaître bien plus belle encore qu’elle ne l’avait été. l’homme va lui prendre la main et ensemble ils vont partir très loin très très loin pour vivre au milieu du désert merci [end]