Histoire de Femmes
Anaïs Boyer
[NS] il y avait un jeune prince qui partait souvent à la chasse. seul dans la Savane. il aimait la solitude il aimait se retrouver dans le domaine euh des oiseaux des léopards des bêtes sauvages loin des hommes. un jour son cheval l’avait emporté très loin dans un pays inconnu et brusquement il s’arrêta. il y avait là derrière un buisson épineux un troupeau de gazelles qui s’abreuvaient dans une source pure mais au milieu il y avait une jeune fille qui buvait dans ses mains. elle était très belle le prince était immobile comme hypnotisé et il n’osait bouger mais il laissa tomber son arme. à ce bruit le troupeau de gazelles détala et il se trouva seul en face de la jeune fille. il lui demanda son nom il lui demanda la raison de son de sa présence en ce lieu elle ne répondit pas elle était s- elle était muette. alors il la prit en croupe su(r) son cheval et il l’emmena au palais de son père. là il y avait un un médecin très savant qui la soigna qui s’occupa d’elle et avec beaucoup de patience il lui réapprit les sons qu’elle avait entendus autrefois mais qu’elle avait oubliés pendant la le temps qu’elle avait passé avec ces bêtes sauvages. elle retrouva l'usage de la parole mais jamais elle ne parla de sa famille ni de son enfance. le prince n’insista pas il l’aimait il l’épousa avec la le consentement de son père et un an plus tard elle mit au monde un fils très beau. le prince était très heureux il voulut lui faire un cadeau somptueux et il offrit un collier en or ciselé. la jeune femme regarda le bijou elle le laissa négligemment. le prince pensa qu’elle n’aimait pas l’or alors l’année suivante elle mit au monde un deuxième fils très beau il voulut aussi lui faire un cadeau mais lui offr- il lui offrit un un collier de perles fines. elle le repoussa négligemment et à la troisième naissance le prince lui offrit un coffret d’argent ciselé de diamants et alors elle le regarda et elle lui dit [end]
[DD] j’aurais préféré une grappe de raisins des œufs ou des galettes [end]
[NS] c’était en effet la coutume et depuis des millénaires dans ce pays quand une femme avait donné la vie à un enfant ses proches lui apportaient en cadeau les dons mêmes du créateur les œufs euh les r- les fruits les céréales mais pour le prince la valeur du cadeau n’était que sa valeur marchande le travail de l’orfèvre il ne comprit pas le geste de sa femme et quitta la pièce vexé. quand il revint dans la chambre il vit qu’elle avait mis dans une marmite d’eau bouillante le collier d’or le collier de perles et le coffret d’argent. il pensa qu’elle n’était pas capable d’apprécier la valeur de ces cadeaux princiers et il ne put réprimer un moment de colère et et il lui murmura [end]
[DD] fille de mendiant [end]
[NS] la jeune femme blémit. quelques jours plus tard elle lui demanda de retourner au pays de son père et elle demanda au prince de l’accompagner. lui il en était très heureux il ne connaissait pas l’origine de sa femme et il était content de partir avec elle. ils partirent à cheval avec des domestiques ils traversèrent des montagnes des collines ils arrivèrent à une euh un désert de sable. le sable s’étendait à l’infini ils avançaient au milieu des dunes ils avançaient lentement en silence. enfin la princesse s’arrêta au pied d’un grand rocher et elle dit [end]
[DD] c’est là. c’était le royaume de mon père mais le sable a tout recouvert [end]
[NS] elle demanda aux domestiques de creuser au pied du rocher et ils mirent à jour ils dégagèrent une porte. le prince et la princesse s’avancèrent ils étaient dans un palais souterrain ils traversaient une enfilade de pièces richement décorées lambrissées et dans chaque pièce il y avait des trésors inestimables des coupes remplies de diamants des urnes gonflées de pierres précieuses des bijoux de toutes sortes des lits en or des tables en or le prince était ébloui. enfin ils arrivèrent à une pièce dénudée et sur le sol des squelettes étaient alignés et la jeune femme sans hésitation les nomma [end]
[DD] voici mon père ma mère mon frère mes sœurs [end]
[fDD] mais pourquoi sont-ils tous morts ? [end]
[fDD] un jour un jour la pluie cessa de tomber de fertiliser ce pays. l’herbe s’est desséchée le la terre se crevassait les troupeaux mouraient les gens mouraient et mon père malgré toutes ses richesses ne pouvait pas donner à son peuple une source une source de vie. alors il a décidé que toute la famille royale devait partager le sort de son peuple. [end]
[NS] le prince baissait la tête et commençait à comprendre la vanité des richesses. il pesait une grappe de raisins et un collier d’or. la jeune femme reprit [end]
[DD] puisque tout l’or de mon père ne pouvait compenser une goutte de pluie il a fait préparer une boisson empoisonnée chaque membre de ma famille a bu sa coupe. moi seule ai posé un bouchon de glaise je l’ai caché. je voulais vivre je suis partie dans la Savane c’est là que tu m’as trouvée. mais maintenant je sais où la trouver. [end]
[NS] le prince n’eut pas le temps de faire un geste et dans cette salle dans cette salle dénudée si solennelle la jeune femme saisit sa coupe la but d’un trait et elle elle dit [end]
[DD] je vais rejoindre mes parents je meurs mais toi tu ne diras plus fille de mendiant [end]