La Légende de Mélusine
Valérie de La Rochefoucauld
[NS] garde promesse gloire et honneur sur notre lignage. brise promesse honte et malheur sur notre héritage. il y a huit cents ans le comte de Poi- Poitiers vivait sur ses terres. dans son grand château belle fortune et dans sa cour on l’honorait parce qu’il était aimable. il était gentil avec tous et aussi avec les gardiens de cochons avec tous avec les cochons eux-mêmes. le comte de Poitiers avait un frère qui avait de nombreux enfants et beaucoup moins d’argent alors il a proposé de prendre l’un d’eux en formation et il voulait le plus jeune qui s’appelait Raymondin et c’est comme ça que Raymondin est allé à la cour du comte de Poitiers pour devenir un noble chevalier. il a appris tout ce dont il avait besoin pour faire cela. les langues mortes comme les vivantes tous les chiffres il allait aborder l’art des étoiles il savait déjà parfaitement monter à cheval il connaissaient le maniement des armes et quand il allait aborder l’art des étoiles il arriva ceci. on avait prévenu le comte de Poitiers qu’un sanglier blanc ravageait les cultures et commençait à s’attaquer aux gens. alors le comte avait rassemblé tous ses chevaliers autour de lui il leur avait dit qu’il fallait que ça cesse il leur avait offert un grand banquet la veille au soir et le lendemain dès l’aube tous étaient prêts dans la cour pour faire la peau au sanglier blanc. le comte de Poitiers était entouré de tous ils étaient montés sur les chevaux qui piaffaient il y avait la meute des chiens qui soufflaient et Raymondin qui était prêt il adorait ça. la grande porte s’est ouverte et le cortège a quitté le château a traversé la ville les sabots des chevaux claquaient sur les pavés et tous les gens n’étaient pas fâchés d’être sitôt réveillés ils ouvraient les volets ils disaient [end]
[DD] longue vie au comte de Poitiers mort au sanglier blanc [end]
[NS] et le cortège s'est enfoncé dans la forêt d’automne avec les ancêtres qu’on ne voyait pas mais qui espéraient bien que leurs héritiers feraient aussi bien qu’eux. et toute la journée ils ont traqué dans la forêt ce sanglier blanc fameux. ils le voyaient partout chaque fois une petite tache blanche ici là et puis qui disparaissait ils le voyaient partout et surtout ils l’ont vu nulle part et au soir ils se disaient [end]
[DD] honte sur nous. les ancêtres ne sont pas fiers et que dira le peuple quand on rentrera bredouille [end]
[NS] quand tout à coup Raymondin hurla [end]
[DD] il est là [end]
[NS] et il partit comme un fou sur son cheval accompagné du galop et des cris de son oncle qui lui courait derrière et qui lui disait [end]
[DD] attends attends pas si vite la nuit il y a les loups et tous les autres [end]
[NS] et quand ils se sont arrêtés dans la forêt profonde ils ne voyaient même plus les sabots de leurs chevaux [end]
[DD] bravo même celui qui est né ans cette forêt n’arrive pas à en ressortir de nuit. il n’y a plus qu’à dormir ici. fais un feu contre les loups [end]
[DD] je monterai la garde [end]
[NS RD] dit Raymondin honteux [end]
[DD] c’est ça [end]
[NS] et quand le feu a été fait Raymondin s’est allongé. son oncle aussi la tête sur la selle il regardait les étoiles et il disait [end]
[DD] c’est drôle tu vois je t’apprendrai l’art de leur lecture quand on rentrera mais tu vois ce soir elles me disent quelque chose de grave elles me disent qu’il nous arrivera bientôt un grand malheur mais que de ce grand malheur sortira un grand bonheur bon on ne peut rien contre les étoiles. dormons. enfin je dors et tu gardes [end]
[NS] et Raymondin garda et il garda toute la nuit et au petit matin quand il a commencé à voir des vagues dans ses yeux il a senti le sol trembler et il a vu arriver la bête absolument colossale d’une taille énorme qui aplatissait la forêt sous son galop alors il s’est levé il a tiré son épée il a crié [end]
[DD] à moi mon oncle [end]
[NS] il l’a fait voler dans le petit matin. l’oncle était déjà debout. quand le sanglier était sur Raymondin il a abattu son épée sur le dos mais le dos était si dur que l’épée a glissé [noise=schak] elle est allée se ficher dans le ventre de l’oncle qui a ouvert la bouche qui a eu le temps de dire dans un flot de sang [end]
[DD] les étoiles [end]
[NS] et il s’est écroulé [audience laughter]le sanglier est revenu à la charge Raymondin l’a taillé en cubes [audience laughter] ça n’a rien changé au malheur et Raymondin est parti comme un aveugle dans la forêt pour hurler son chagrin il hurlait il hurlait il poussait son cauchemar devant lui le cauchemar de ce ventre ouvert il hurlait il hurlait et pourtant il a quand même entendu au milieu de ces hurlements une petite voix qui lui disait [end]
[DD] c’est comme ça qu’on salue les dames ? [end]
[NS-DD] oh [sigh] [end]
[NS] dans le clair matin il y avait une fontaine. de la fontaine jaillissaient des pieds charmants de jolis mollets qui naissaient donnaient naissance à des genoux d’où jaillissaient des cuisses que l’on devinait entourées d’un ovale dont je ne vous parlerai pas qui laissait jaillir un torse euh aux doux vallons? avec des épaules parfaites et des bras faits pour la danse un cou de reine et un menton coquin une bouche de cerise un nez parfait des grands yeux inspirés un manteau ou plutôt des cheveux comme un manteau [end]
[fDD] [sigh] alors c’est ainsi qu’on salue les dames ? [end]
[NS] Raymondin a mis le genou en terre et a récité un compliment comme on lui avait appris [end]
[fDD] Raymondin [end]
[NS] alors là. de s’entendre appelé par son prénom ça l’a réveillé tout à fait [end]
[fDD] je sais qui vous êtes et je sais ce qui vient de vous arriver [end]
[NS] et puis elle a plus parlé mais elle a très bien vu elle qui savait tout le feu de l’amour qui commençait à gronder dans le cœur de Raymondin [end]
[fDD] voulez-vous m’épouser ? [end]
[fDD] oh ben oui [audience laughter] [end]
[fDD] Raymondin savez-vous tenir une promesse ? [end]
[fDD] ah oui oui hein [end]
[fDD] Raymondin l’homme parle vite mais il agit lentement la promesse est celle-ci il faudra toujours laisser mon samedi [end]
[fDD] oh samedi samedi jour banal dans la semaine je vous le laisse tiens je vous le donne tout de suite [end]
[fDD] attendez ce samedi reviendra semaine après semaine. alors au début ce sera simple et puis à la longue ça vous agacera. les hommes aiment bien tout savoir puis spécialement le samedi d’ailleurs qu’est-ce qu’elle fait ma femme le samedi ? comme un fuseau horaire qui traversera notre vie ce samedi sera mon secret tiendrez-vous [end]
[fDD] promis juré craché [end]
[fDD] alors Raymondin vous allez rentrer à Poitiers annoncer la mort de votre oncle par accident et après l’enterrement réclamer un peu de terre autant de terre que pourra en contenir une peau de cerf taillée d’une certaine façon on vous donnera ça certainement facilement et quand vous sortirez vous verrez quelqu’un qui vous vendra cette peau de terre vous l’achèterez et vous viendrez ici à cette fontaine que vous retrouverez et vous commencerez à laisser la peau de cerf taillée en ceinture sur la terre et au soir vous verrez toute la terre que vous aurez avec cette fontaine-ci au milieu où vous reviendrez lundi prochain pour notre mariage [end]
[fDD] je peux juste savoir votre nom ? [end]
[fDD] Mélusine [end]
[fDD] de qui de quoi de où qui sont vos pères vos armoiries et tout et tout [end]
[fDD] Mélusine il vous suffit [end]
[NS] et puis elle a disparue dans le petit matin il n’y avait plus que la fontaine qui gargouillait. alors il s’est dit en homme raisonnable [end]
[DD] c’est un rêve [end]
[NS] et puis il s’est retourné et il a vu le cauchemar du ventre ouvert alors il a préféré croire au rêve et il est retourné à Poitiers et il a fait comme la dame lui avait dit et il a eu une vaste terre dans la peau de cerf et puis il a dit [end]
[DD] je vous invite lundi pour mon mariage [end]
[DD] ah bon [end]
[NS RD] ont dit les autres [end]
[DD] tu étais en goguette tu ne nous as rien dit comment s’appelle-t-elle ? [end]
[fDD] Mélusine [end]
[fDD] mais de qui de quoi qui sont ses pères et son pays ses armoiries et tout et tout [end]
[fDD] Mélusine. il vous suffit [end]
[NS] mais le lundi qui a suivi quand il s’est retrouvé sur le cheval avec tous ses amis chevaliers derrière pour son mariage Raymondin s’est dit [end]
[DD] si c’est vrai c’est vrai si c’est faux je vais vers la honte on chantera de moi des chansons d’idiot ou pire on m’oubliera à l’instant comme un fou dont la mémoire ne mérite pas de retenir le nom [end]
[NS] et quand il est arrivé à la clairière tout était prêt. tout était déboisé il y avait des tentes partout pour accueillir les chevaliers pour accueillir leurs dames pour les cadeauter pour les faire se reposer et la tente la plus belle était la centrale elle était immense avec des soieries à l’intérieur et il y avait des grandes colonnes avec des chandelles et puis des fleurs qui s’ouvraient et se refermaient et formaient des arcs-en-ciel jusqu’au ciel. et puis Raymondin il attendait. on est toujours un peu sot dans ces moments-là et quand Mélusine elle est entrée alors que tous se disaient [end]
[DD] mais c'est qui celle-là ? [end]
[NS] plus personne n’a rien dit c’est comme si le soleil y entrait et quand elle est arrivée elle a pris la main de Raymondin [end]
[fDD] [tuts] la promesse promis juré [end]
[NS] et quand ils se sont dit oui pour la vie c’est comme si le ciel tombait dans la grande tente et puis après ça il y a eu des chants il y a eu des ripailles il y a eu une fête qui n’en finissait pas et Raymondin et Mélusine sont partis discrètement dans une tente obscure que la dame de la nuit avait fait avec ses voiles pour qu’on ne les embête pas et ce soir-là ils ont fait ce qu’il fallait pour engendrer le premier pilier de leur lignée et l’ovale de Mélusine s’est agrandi s’est arrondi elle portait le monde et la lumière du monde avec elle. et Raymondin était à côté il était fier il était presque père et elle lui a dit [end]
[DD] mon ami que penseriez-vous d’un château pour abriter notre lignée ? [end]
[fDD] oh oui [end]
[NS] alors ils ont travaillé avec des constructeurs de châteaux tous les jours sauf le samedi et le dimanche qui est le jour du Seigneur et un matin Mélusine sur son cheval noir et Raymondin sur son cheval blanc voyaient déjà les fondations du château qui s’élevaient [end]
[DD] mon ami je crois qu’il est temps [end]
[NS] et ils n’ont eu que le temps de galoper jusqu’à leur maison provisoire ils ont poussé la porte [noise=schla] il est tombé le premier fils que Raymondin a nommé Urian et auquel Mélusine a donné une partie de son nom Lusignan et puis il y a eu le baptême et là est apparu ce qui existait en fait déjà c’est qu’Urian avait des oreilles de la taille de sa tête chacune [end]
[fDD] mon ami il entendra tout il saura tout c’est merveille pour un futur chef de guerre [end]
[NS] mais Raymondin souriait le peuple acclamait les cloches sonnaient il était prince il était père et le soir du baptême et ils ont fait tous les deux ce qu’il fallait faire pour engendrer le deuxième pilier de leur lignée et l’ovale de Mélusine s’est agrandi elle portait le monde et la lumière du monde avec elle [end]
[fDD] mon ami que penseriez-vous de construire une ville pour notre bon peuple? [end]
[fDD] oh ben oui [end]
[NS] alors ils ont traversé ils ont travaillé avec des constructeurs de villes tous les jours sauf le samedi et le dimanche qui est le jour du Seigneur et puis devant les fondations de la ville qui déjà s’élevaient [end]
[fDD] mon ami il est temps [end]
[NS] [noise=dagada dagada] dans le château construit ils ont poussé la porte monté l’escalier [noise=schla] un deuxième fils. Raymondin a donné le prénom Eudes. et Mélusine a continué à donner le nom de la lignée Lusignan et après le baptême rien. le peuple acclamait les cloches sonnaient Raymondin était fier il était prince il était père et le soir du baptême ils ont fait ce qu’il fallait faire pour engendrer le troisième pilier de leur lignée et Mélusine a vu son ovale s'agrandir lumière du monde et tout ça et elle a dit [end]
[DD] que penseriez-vous mon ami de travailler avec des constructeurs d’abbayes une abbaye pour y mettre Dieu et le prier tous les jours ainsi des moines prieront pour notre bonne fortune et celle du monde entier [end]
[NS] alors ils ont travaillé tous les jours avec des constructeurs d’abbayes sauf le samedi et le dimanche qui est jour du Seigneur et devant les fondations de l’abbaye qui déjà s’élevaient [end]
[fDD] mon ami il est temps [end]
[NS] [noise= dagadagadagadaga schla] encore un fils ils ne savaient faire que ça. [audience laughter] les cloches sonnaient le peuple acclamait et au moment du baptême est apparu ce qu’il y avait déjà. le petit Guion. car il a été nommé comme ça avait un œil pour surveiller ses pensées un autre pour surveiller sa parole [end]
[fDD] c’est pas grave ce regard oblique mon ami lui conferera un air étonnant qui lui donnera de l’autorité [end]
[NS] et Raymondin souriait il était prince il était père et le soir du baptême ils ont fait ce qu’il fallait faire pour faire le quatrième pilier de leur lignée. ça va pas durer une heure ils en ont eu huit. [audience laughter] et Mélusine a dû beaucoup sourire pour faire accepter l’œil unique de Renaud qui sera comme un phare pour les nations la patte en- de lion d’Antoine qui lui donnera un air de force mon ami n’ayez crainte la dent immense de Geoffroi qui râclait le sol la tache en poil de loup de Fromont et cet oeil arrière d'Horrible [end]
[fDD] mais sur les champs de bataille mon ami Raymondin il saura les coups bas qu'on lui fera par derrière il vivra mille ans c’est évident [end]
[NS] et Raymondin souriait il était prince il était père le peuple sonnait les cloches acclamaient et le nom de Lusignan frémissait car Mélusine non seulement faisait des monuments à l’intérieur d’elle-même mais elle continuait les monuments à l’extérieur d’elle-même et puis après l’abbaye il y a eu le port de La Rochelle c’est elle qui l’a fait on oublie de le dire et puis il y a eu des ponts il y a eu encore des villes et quand les chantiers n’allaient pas assez vite elle prenait son petit à la mamelle le dernier né et puis d’autres sur le dos et la nuit elle se transportait dans les airs avec des cailloux immenses que cent hommes n’arrivaient pas à soulever [noise=schla] elle les lâchait sur le chantier pour que ça aille plus vite. mais il faut pas tout croire. les chroniqueurs se sont un peu laissé aller il faut s'en tenir à la vérité ce qui est sûr c’est que le nom de Lusignan frémissait et voulait passer outre la ville la région le port de La Rochelle. il voulait partir loin et c’est ce qui s’est passé le jour des dix-huit ans d’Urian ses père et mère retournaient d’une tournée des bonnes villes où on les acclamait et Urian les attendait [end]
[DD] le Poitou et la Vendée ? [end]
[NS RD] leur a-t-il dit [end]
[DD] notre héritage. c’est bien. mais c’est trop petit pour nous vos huit fils. j’ai envie de conquérir d’autres mondes [end]
[NS] et Mélusine était fière elle savait que c’est ainsi que parleraient ses fils alors elle est partie en sa boîte à bijoux et elle a sorti la première des huit bagues préparées pour la conquête [end]
[fDD] fils tu es un Lusignan prends cette bague de la bonne action. chaque fois que tu seras dans le droit chemin il brillera. quand tu seras dans le mauvais chemin il ternira fils ta flotte est prête prends un de tes frères cadets et fais nous honneur et n’oublie jamais la veuve et l’orphelin et tout [end]
[NS] et le lendemain Urian avec son petit frère Guion fendaient les flots vers l’Orient. ils avaient l’impression que le monde frémissait d’être découvert par eux et deux milles guerriers les accompagnaient et après des jours et des jours de mers giflantes ils ont accroché leur flotte au flanc de Chypre et Urian a envoyé des espions mais ce que les espions ont rapporté les a fâchés les deux fils Lusignan. dans la capitale de Chypre Famaguste se mouraient un vieux roi avec sa fille unique la belle Hermine et ce vieux roi était encerclé par le grand Turc et ses soldats alors Urian réfléchissait [end]
[DD] il faut sauver ce vieux roi et la belle [end]
[NS] et la bague a brillé. et pendant ce temps-là la déesse de la guerre s’ennuyait elle était là sur son bouclier là et elle consultait un livre ouvert. rien rien rien. quand tout à coup elle a vu les deux fils poitevins avec leurs deux mille guerriers et puis là l’armée innombrable du grand Turc et elle s’est dit [end]
[DD] voilà voilà un combat où je peux intervenir un combat inégal où je peux inverser la force des choses [end]
[NS] alors elle s’est fait toute petite elle s’est mis dans la oreille d’Urian elle lui a chuchoté un plan d’attaque et Urian très fier de cette inspiration qu’il croyait tenir de ses pères l’a suivie et a fait lever ses hommes sur la minuit et les a fait se grimer en djinn enduits de glaise et de charbon. bouches de sang et de moignons. crochet aux mains clochettes aux mains torchères sur les chevaux de guerre. et quand tous étaient prêts ils ont attendu le signal. magie de l’aube. tout s’est tu. c’est le signal. enduits de glaise et de charbon.bouches de sang et de moignons. crochet aux mains crochets aux mains. torchères sur les chevaux de guerre les sabots claquent le sol tremble les armes claquent. des hommes crient. crient leur peur pour la jeter à la tête des ennemis jurés. en face l’alerte. les armes saisies lances et cimeterres armures (re)mises épées visières levées au ciel des porte-drapeaux soufflent des hommes et des chevaux. tambours pour rythmer la terreur. course folle de vie de mort. pour Urian et Guion il n’y a plus d’avant ni d’après il n’y a plus de plan ni d’action il n’y a plus que leurs jambes qui serrent leurs chevaux leur cœur qui bat jusque aux mains et des corps à trancher. et la déesse elle le moment qu’elle préfère c’est quand les deux premières lignes ennemies s’écrasent et se broyent. après ça devient besogneux on sait plus très bien à qui appartiennent cette tête et ces corps épars. mais là tout est différent. le grand Turc hallucine. l’ennemi est devant et ses hommes qui ont une peur horrible des djinn filent derrière. alors il hurle ses ordres et ses menaces et ses menaces encore. armes ressaisies lances et cimeterres armures remises épées visières mais c’est trop tard. Urian est dans le camp du grand Turc avec seuls ses soldats dont il arrache les fanions. il le jette à terre ça n’est plus un socque. choque. c’est un sac et la bataille dure et la déesse la regarde de là-haut . et elle ne sait plus très bien à qui appartiennent ces têtes et ces corps épars. mais il monte une chanson jette croule étripe pleure et enfin meurs. mais les soldats poitevins ne sont que deux mille. alors au milieu de l’odeur des ventres ouverts et du sang elle doit souffler la fameuse odeur de la victoire et Urian qui est sous le grand Turc retrouve la force de le fendre jusqu’aux dents et le soir venu les portes de Famaguste s’ouvrent et Urian est reçu comme le sauveur. le peuple est à genoux le vieux roi le regarde et Hermine baisse la tête et on (n')entend plus que flotter les mains du vieux roi et les oreilles d’Urian. la déesse de la guerre va voir celle des mariages ça bloque. [end]
[DD] fais quelque chose j’ai pas fait tout ça pour rien [end]
[NS] alors la déesse des mariages arrive. comprend tout de suite la situation recolle les oreilles d’Urian à la colle forte. pince les fesses d’Hermine pour qu’elle relève la tête se fait toute petite dans la bouche du vieux roi et dit avec sa voix [end]
[DD] vous avez sauvé mon pays et mon honneur sauvez-le à jamais [end]
[NS] et il prend la main d’Urian et il prend la main d’Hermine et les rassemble et pour eux c’est plus qu’un baiser. [end]
[DD] musique [end]
[NS] l’orchestre céleste entonne la marche nuptiale. deux anneaux d’or tombent du ciel un curé sort de derrière les rideaux et les marie et le soir ils font ce qu’il faut pour se donner la force d’être couronnés le lendemain matin et d’enterrer le vieux roi le lendemain soir. [audience some laughter] alors la déesse de la guerre et des mariages qui se détestaient tant avant se sont trouvées avec les Lusignan beaucoup de points communs. elles ont feuilleté l’annuaire des riches héritières sans frères. au père à moitié mourant elles les ont notés elles ont mis dans le coup les dieux du vent et chaque fois qu’un Lusignan reprenait la mer le dieu du vent soufflait par-ci soufflait par-là. ça a été la Bohème ça a été le Luxembourg ça a été d’autres terres encore. et Guion et Renaud et Antoine ont pu écrire à leur papa et leur maman qu’ils étaient tous devenus rois grâce à leur bravoure et leur honneur et qu’elles s’appelaient Fleurie Chrétiennne Eglantine et qu’ils étaient rois de Bohème de Luxembourg et d’Arménie. mais [sighs] le cas du sixième était un peu plus compliqué Geoffroi avait une dent jusqu’à ses pieds. avec cette dent-là quand il a été en âge de sortir et d’aller au bal il y avait toujours une frontière entre lui et ses cavalières et pourtant avec de tendres mots il essayait des rapprochements mais jamais ça ne marchait elles s’enfuyaient [groans]. alors il s’est fait une petite spécialité il avait entendu dire qu’il y avait beaucoup de géants croqueurs de pucelles ou qui voulaient des jeunes filles en échange d’autres choses et chaque fois il allait au devant pour leur couper ou leur fendre le crâne. alors on appelait toujours [end]
[DD] Geoffroi la grande dent. viens donc nous aider contre ces géants [end]
[NS] et chaque fois qu’il venait vers la jeune damoiselle pour quérir son remerciement elle partait avant mais c’est pas grave il continuait sa vocation. au moins ça l’occupait. un géant [end]
[fDD] j’accours [end]
[NS] mais ça ne romp pas la solitude. heureusement il avait un petit frère Fromont celui à la tache en poil de loup alors il lui disait [end]
[DD] viens on s’amuse mieux quand on est à deux pour pourfendre les géants et aller se battre mais Fromont voyez. lui il parlait avec Dieu. c’était même son activité toute la journée et Geoffroi n’arrivait pas à lui dire [end]
[DD] prends les armes viens avec toi avec moi on a du sang de chevalier bouillonnant [end]
[NS] non non Fromont il restait là dans ses prières rien n’y faisait. et Geoffroi était toujours seul là-bas dans ces contrées quand une après-midi Raymondin a reçu son frère. c’était un samedi il l’a emmené visiter son château visiter la ville l’alentour et chaque fois on lui disait [end]
[DD] bonjour monseigneur [end]
[NS RD] et Raymondin disait [end]
[DD] voyez comme on m’aime [end]
[NS] et le frère a commencé à s’énerver. et puis au moment du banquet euh tout le monde était aimable et le frère à côté de Raymondin il lui a dit [end]
[DD] dites-moi on est samedi hmm ? Mélusine donc n’est pas là [end]
[fDD] oui je suis au courant [end]
[fDD] mais il faut quand même que je vous dise vous êtes un peu ridicule tout le monde sait ce que sa femme fait le samedi et vous non rien. écoutez il faut quand même que je vous dise on vous salue bien bas dans votre ville mais derrière on chuchote. Mélusine qu’est-ce qu’elle fait elle est en goguette peut-être ? [end]
[fDD] oh ça encore [end]
[DD] ce ne serait rien. mais mon devoir est de vous dire que l’on murmure qu’elle a quelque affaire peut-être de sorcellerie [end]
[fDD] oh je vraiment je suis désolé de vous [end]
[NS] il n’a pas eu le temps de terminer sa phrase que Raymondin l’a attrapé par le col et l’a jeté hors du château l'envoyer rouler. mais c’était trop tard l’idée elle roulait aussi dans la tête. alors Raymondin le soir lentement est allé vers la fameuse tour oh lentement juste un instant il a pris le long couloir et puis il a vu la porte qui était fermée puisqu’on était samedi et alors là il a mis son œil par le trou de la serrure parce qu’après tout un mari a le droit de savoir ce que fait sa femme le samedi. brise et promesse honte et malheur sur notre héritage un homme a le droit de savoir ce que fait sa femme le samedi. et par le trou de la serrure il a vu une grande baignoire de marbre et puis dedans une belle femme qui se coiffait en se mirant dans un miroir et à l’autre bout de la baignoire de marbre une énorme queue une queue couverte d’écailles qui frémissaient et frétillaient et faisaient gicler l’eau jusqu’à la voûte. alors Raymondin il est parti en reculant il s’est couché dans son lit jusqu’au dimanche matin et quand il a entendu Mélusine arriver il s’attendait à tout il a fermé les yeux et il a juste vu son visage se pencher sur elle [end]
[fDD] mon ami vous êtes fiévreux je vais vous soigner [end]
[NS RD] alors Raymondin s’est dit [end]
[DD] j’ai vu mais elle sait pas tout peut continuer [end]
[NS] et tout a continué. et Fromont est venu un mercredi dire à ses père et mère qu’il voulait entrer au couvent.Mélusine était fière elle lui a donné la bague et puis Fromont une fois parti elle a écrit des lettres à tous ses fils rois pour les prévenir et en écrivant la lettre pour Geoffroi elle savait que ce serait un peu plus compliqué Geoffroi a reçu la lettre par coursier et quand il a lu que dans cette lettre Dieu lui volait son frère son seul ami il est allé sur son cheval et il a galopé trois jours durant sans s’arrêter. le vent soufflait dans ses yeux et les séchait et quand il est arrivé à l’abbaye où Fromont était censé être il a fermé toutes les portes il a allumé une torche qu’il a jetée sur le toit et puis il est remonté sur la colline d’en face et il a regardé l’abbaye brûler. c’était beau et quand l’abbaye s’est consumée il a réalisé ce qu’il avait fait il a hurlé et il est parti en galopant et on l’a plus revu et le peuple est venu en rangs serrés raconter à Raymondin ce qui s’était passé on était samedi soir Raymondin a reçu la nouvelle tout seul et il a eu toute la nuit pour y penser et le dimanche matin Mélusine est arrivée tout doucement vers lui et lui a dit [end]
[DD] mon ami je sais ce qui s’est passé mais c’est ensemble qu’on va le surmonter [end]
[NS] et lui l’attendait avec tous ses chevaliers et lui a dit [end]
[DD] ne bougez plus. maintenant je sais la patte de lion la tache en poil de loup tout ça je sais je sais qui vous êtes femme serpent allez-vous-en [end]
[NS] et au moment où le mot sortait de sa bouche il le regrettait déjà et il voulait l’attraper comme ça comme ça mais le mot était parti et le mot s’est promené est entré dans toutes les oreilles des chevaliers. le mot s’est cogné aux murs et Mélusine est tombée et quand Raymondin a essayé de la relever elle l’a regardé et lui a dit [end]
[DD] vous saviez et je savais mais vous n’aviez rien dit. maintenant que le mot est sorti je n’ai plus qu’à repartir [end]
[NS] et Raymondin était à genoux et il essayait d’empêcher les écailles monter sur ses jambes et Raymondin était à genoux et il essayait d’empêcher les écailles de monter mais elles montaient toujours et Mélusine n’a eu que le temps de se traîner vers la fenêtre et puis elle a regardé Raymondin elle lui a donné ses dernières instructions et puis elle s’est envolée en criant et avec ses yeux ses sa queue de serpent elle a cogné tous les murs alentour et toutes les tours qui lentement se sont écroulées et elle a disparu et l’on dit qu’elle pleure à la mort de chacun de ses héritiers on dit qu’elle crie et je connais quelqu’un auquel on a téléphoné on lui a dit Monsieur Georges. elle a crié et trois jours après encore un de ses héritiers est mort. tout est vrai [end]