Phaeton
Jacqueline Guillemin
[NS] il y avait bien loin d’ici dans des temps très anciens un garçon encore un enfant à peine un adolescent il était beau intelligent sans doute d’une certaine arrogance d’une certaine jactance il s’appelait Phaéton et chaque matin lorsqu’il voyait le char du soleil se lever commencer à parcourir le ciel il disait [end]
[DD] regardez les amis c’est mon père qui conduit le char du soleil c’est lui qui éclaire le monde [end]
[fDD] heh du calme qui est-ce qui t’as raconté cette blague ? ta mère sans doute pour expliquer un père absent qu’est-ce qui te prouve que c’est ton père qui est un dieu hmm ? [end]
[NS] Phaéton ulcéré mortifié est rentré chez lui il a demandé à sa mère [end]
[DD] tu me dis toujours que Phoebus le soleil est mon père qu’est-ce qui me le prouve? tout le monde se moque de moi [end]
[NS RD] sa mère lui a répondu [end]
[DD] vas trouver ton père demande-lui il te répondra [end]
[NS] et Phaéton a mis le chemin sous ses pieds il est parti en direction du soleil levant il a grimpé par un sentier et au sommet de la montagne dans une prairie il a vu le palais du soleil un palais comme il n’avait jamais vu. étincelant de blancheur monté sur des colonnes un toit d’ivoire et d’or il est entré dans une grande salle il a vu le jour les mois les années les siècles et les heures qui étaient toutes gentilles placées régulièrement dans la pièce il a vu le printemps couronné de fleurs. l’été qui portait des épis. l’automne barbouillé de raisins et l’hiver qui avait des cheveux blancs en désordre. et Phoebus assis sur un trône d’émeraude dans un costume de pourpre le soleil qui voit tout qui a tout de suite reconnu Phaéton qui enlevait sa couronne aux rayons qui risquaient de l’aveugler qui lui a dit [end]
[DD] viens mon fils pourquoi tu fais ce voyage ? que viens-tu me demander ? [end]
[DD] père [end]
[NS RD] lui a dit Phaéton [end]
[DD] je viens te demander une preuve ma mère m’a dit que tu étais mon père mais tout le monde se moque de moi je voudrais un gage une preuve [end]
[fDD] mais tout ce que tu voudras tu es mon fils bien-aimé demande-moi ce que tu veux [end]
[NS] et ça il aurait pas dû. faut jamais faire une promesse dangereuse il a juré sur le Styx le serment divin sur le fleuve des enfers une promesse irrévocable [end]
[fDD] demande-moi ce que tu veux je te l’accorderai [end]
[fDD] ce que je veux père. une journée durant je veux conduire le char du soleil je veux éclairer le monde [end]
[NS] trop tard. Phoebus ne pouvait plus revenir sur sa promesse et aussitôt il a vu tous les dangers [end]
[fDD] Phoebus tu es jeune faible tu es un mortel tu ne peux pas conduire ce char. moi seul le peut aucun dieu n’a demandé à conduire ce char. même Jupiter roi des dieux ne m’a jamais demandé une chose pareille il faut être fort pour conduire les chevaux sauvages il faut être fort pour tenir ce char de feu ne me demande pas cela. change demande-moi tous mes trésors je te les accorde [end]
[fDD] mais père tu m’as promis [end]
[fDD] mais rends-toi compte c’est une épreuve périlleuse quand le char s’en va le matin il grimpe une pente tellement raide les chevaux sont fatigués ils peinent et arrivé au sommet il y a la descente périlleuse jusqu’au soir à pic sur l'océan. tes mains légères ne pourront jamais guider ces chevaux [end]
[fDD] mais père tu as promis [end]
[fDD] mais ce n’est pas facile. la route n’est pas droite si tu vas vers les pôles tu vas faire fondre les glaces si tu vas vers les sommets tu vas bousculer les demeures des dieux et puis méfie-toi des zodiaques ce sont des animaux monstrueux le scorpion avec son dard le crabe avec ses pinces le taureau le lion le sagittaire qui lance des flèches méfie-toi n’y va pas je t’en prie [end]
[fDD] père tu as promis [end]
[NS] le temps passait. déjà l’aurore était prête à ouvrir les barrières. le ciel se colorait de rose les étoiles s’éloignaient s’effaçaient et le dernier croissant de lune disparaissait dans le s- dans l’espace. Phoebus a pris son fils l’a enduit d’un onguent divin qui pouvait le protéger du feu. les heures ont amené le char d’or d’émeraude les roues le timon Phoebus a essayé encore une fois de convaincre Phaéton mais Phaéton ne l’écoutait pas léger il a sauté dans le char il a pris les rênes dans ses mains légères les chevaux sentant qu’ils allaient s’élancer grattaient du sabot frappaient la barrière et quand la barrière s’est ouverte ils se sont élancés dans le ciel. Phaéton tout heureux tenait les rênes mais bientôt les chevaux ont senti qu’une main légère inhabituelle les guidait. alors ils se sont éloignés de la route ils ont fait des écarts Phaéton s’est demandé où était la route ? que devait-il faire ? les chevaux ont commencé à s’emballer ils ont rasé les pôles qui pour la première fois ont commencé à fondre. le serpent qui dormait sous les glaces s’est réveillé ils sont partis de gauche et de droite ils ont commencé à raser la terre ils ont brûlé les forêts brûlé des cités asséché des rivières. Phaéton se trouvait entouré de flammes de fumée et la terre devant ce désastre la terre a appelé Jupiter la terre lui a dit [end]
[DD] mais fais quelque chose sinon toute la terre tout ceux qui vivent dessus les bêtes les hommes tout va être anéanti on va retrouver le chaos. sauve l’univers sauve ce qui peut être sauvé [end]
[NS] Jupiter a essayé de regrouper les nuages ou les pluies mais il n’y avait plus. alors il a pris la foudre il l’a lancée sur ce cocher malhabile et Phaéton s’est enflammé Phaéton est tombé comme une torche. les chevaux d’un soubresaut se sont dégagés et sont se sont échappés dans l’espace le char lui est tombé en miettes. et Phaéton tourbillonnant est tombé dans un fleuve qui l’a lavé et qui l’a reçu. les sœurs la mère de Phaéton l’ont cherché longtemps longtemps et quand elles l’ont trouvé elles ont pleuré. tellement pleuré. tellement pleuré des jours des semaines des mois des années tellement longtemps qu’un jour elles ont senti que leurs pieds étaient accrochés sur le sol pris par des racines leurs bras se transformaient en branches et lorsqu’elles pleuraient en s’arrachant les cheveux elles retiraient des feuilles. leurs jambes se recouvraient d’écorce leurs torses même leurs visages il ne restait que leurs bouches pour crier pour pleurer et de leurs yeux qui pleuraient des larmes sont tombées qui se sont transformées en ambre et elles elles se sont transformées en peupliers [end]