Le Roi des Corbeaux
Ralph Nataf
[NS] il était une fois un homme qui était tout vert. vert de la tête aux pieds vert de la couleur de l’herbe cet homme n’avait qu’un œil au milieu du front et il vivait avec ses trois filles dans une grande maison à l’aplomb de la rivière du Gers un soir il était à la fenêtre de son grand salon la fenêtre qui donnait sur sur la rivière du Gers. de son œil unique il scrutait le ciel de nuit il sentait la fraîcheur de l’air sur sa peau il entendait couler la rivière au pied de sa maison et il était là quand tout à coup dans le ciel de nuit il entend comme un déchirement de l’air un battement d’ailes gigantesques et surgi du ciel de nuit il voit apparaître un oiseau grand comme un taureau noir comme la suie et l’oiseau se pose sur le bord de la fenêtre et lui dit [end]
[DD] homme vert homme vert je suis le roi des corbeaux [end]
[NS] l’homme vert répond [end]
[DD] roi des corbeaux que me veux-tu ? [end]
[fDD] homme vert je veux épouser l’une de tes filles celle qui acceptera me conviendra [end]
[fDD] roi des corbeaux attends-moi là je vais demander [end]
[NS] et l’homme vert va voir sa fille aînée dans sa chambre [end]
[fDD] ma fille le roi des corbeaux vient pour épouser l’une de vous celle qui acceptera lui conviendra [end]
[NS] mais l’aînée des filles répond [end]
[DD] mon père mon père cela est impossible je le le fils du roi d’Espagne que j’ai rencontré l’an passé à la foire de Lectoure m’a fait savoir par un pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle qu’il viendrait bientôt me chercher euh pour mon p- m’emmener dans son pays euh m’épouser là-bas vous voyez mon père je je ne peux pas me marier avec le roi des corbeaux [end]
[NS] alors l’homme vert va voir sa seconde fille dans sa chambre [end]
[fDD] ma fille le roi des corbeaux vient pour épouser l’une de vous celle qui acceptera lui conviendra [end]
[fDD] mon père [end]
[NS] dit la seconde [end]
[DD] mon père ce- cela est impossible le fils du roi des îles m’a fait savoir par un marin de Bordeaux que qu’il viendrait bientôt m’emporter dans son beau bateau pour m- pour m’épouser en son pays sur son île euh vous voyez mon père je ne peux pas épouser le roi des corbeaux [end]
[narrator bangs table or floor]
[NS] le r- l’homme vert va voir sa troisième fille la plus jeune il ouvre la porte de la chambre et il la voit qui joue elle n’a que dix ans et de la voir si jeune si fragile il n’ose pas lui demander elle sourit lui jette un regard et lui il se contente de lui faire un petit signe du bout des doigts puis il referme la porte et il revient dans le grand salon face à la fenêtre et il dit [end]
[DD] roi des corbeaux roi des corbeaux aucune de mes filles n’accepte de t’épouser elles t’ont toutes trois refusé en mariage [end]
[NS] alors de colère le roi des corbeaux tend le cou et de son bec il crève l’œil de l’homme vert et s’envole dans le ciel de nuit l’homme vert se pousse un cri ses filles accourent [end]
[fDD] mon père qui vous a fait cela ? [end]
[fDD] c’est le roi des corbeaux car vous l’avez toutes trois refusé en mariage [end]
[NS] alors la plus jeune dit [end]
[DD] mon père mon père je ne suis pas née pour vous contredire mais vous ne m’avez rien demandé je veux bien moi épouser le roi des corbeaux je veux bien [end]
[DD] ah bien [end]
[NS] dit l’homme vert [end]
[DD] alors conduis-moi dans ma chambre [end]
[NS] elle le guide jusqu’à son lit elle l’aide à se coucher et le laisse seul le lendemain l’homme vert appelle sa fille la plus jeune [end]
[DD] ma fille fait-il jour ou fait-il nuit ? [end]
[fDD] mon père mon père il fait grand jour le le soleil est en son zénith [end]
[fDD] ah bien laisse-moi seul [end]
[NS] puis il l’appelle à nouveau plus tard [end]
[fDD] ma fille fait-il jour ou fait-il nuit? [end]
[fDD] mon père il ne fait ni jour ni nuit le soleil vient juste de se coucher [end]
[fDD] ah bien laisse-moi seul [end]
[NS] puis une troisième fois il l’appelle [end]
[DD] ma fille fait-il jour ou fait-il nuit ? [end]
[fDD] mon père maintenant il fait nuit noire l’obscurité totale [end]
[fDD] alors conduis-moi au grand salon ouvre la fenêtre laisse-moi seul [end]
[NS] elle le guide le mène elle ouvre la fenêtre et referme la porte derrière elle et l’homme vert l’homme vert est seul là il attend devant la fenêtre. de son œil aveugle il scrute le ciel de nuit il sent la fraîcheur de l’air sur sa peau il entend la rivière couler au pied de sa maison et il attend et enfin le déchirement de l’air le bruissement d’ailes et tout à coup il devine la présence du l’- du de l’oiseau noir comme la suie grand comme un taureau qui s’est posé là devant lui sur le bord de la fenêtre [end]
[fDD] homme vert je suis le roi des corbeaux [end]
[fDD] roi des corbeaux que me veux-tu ? [end]
[fDD] homme vert je viens pour épouser l’une de tes filles [end]
[fDD] roi des corbeaux ma fille la plus jeune accepte de t’épouser [end]
[NS] alors de joie le roi des corbeaux tend le cou et de son bec il rend la vue à l’homme homme vert homme vert [end]
[fDD] que ta fille se prépare demain matin le mariage se tiendra dans le grand pré derrière j- ta maison à la première heure [end]
[NS] et le roi des corbeaux s’envole dans le ciel de nuit la jeune fille travaille toute la nuit toute la nuit elle travaille et au matin elle est vêtue de sa robe et de sa couronne de noces son père la conduit dans le grand pré derrière la maison. le pré est noir de corbeaux au fond du pré un autel à côté près de l’autel se tient le roi des corbeaux sous un voile blanc qui le cache la jeune fille vient se placer près du roi des corbeaux le prêtre et son notaire arrivent et la cérémonie se déroule le prêtre et son notaire s’en vont et voilà. le roi des corbeaux demande [end]
[DD] qu’on reconduise ma femme chez son père [end]
[NS] les sœurs la r- raccompagnent les corbeaux s’envolent et seuls restent dans le pré l’homme vert et le roi des corbeaux celui-ci ôte le voile qui le masque et dit [end]
[DD] homme vert homme vert que ta fille se tienne prête à midi mes corbeaux viendront la chercher dans ce pré [end]
[fDD] et il s’envole dans le ciel de jour [end]
[flute music]
[NS] à midi elle est là elle a embrassé ses sœurs elle a embrassé son père. d'un dernier regard elle a embrassé la chambre de son enfance la maison de sa vie et maintenant tout cela est dans son dos elle est là qui attend dans le pré elle attend et venus du ciel des corbeaux descendent la prennent avec délicatesse et l’emportent et l’emportent loin vers les pays du nord ils n- ils volent pendant des heures et des heures vers les pays du nord et enfin le soir ils la déposent dans un pays de froid de glace de gel un pays où ne poussent ni les arbres ni les fleurs ils la déposent au pied d’un grand palais les corbeaux saluent leur reine et s’en vont la jeune épousée entre dans le palais tout est lumineux tout est éclairé par des bougies à tous les murs. dans toutes les cheminées des feux allumés un escalier de marbre elle gravit le l’escalier elle visite le palais c’est un palais somptueux mais il n’y a personne. dans un grand salon elle trouve une table où est servi un repas avec un couvert elle s’assied mais elle n’a pas faim non non elle repense à sa famille à sa maison à son pays à tout ce qu’elle a dû quitter pour venir ici dans ce pays de froid de glace de gel dans ce pays où ne poussent ni les arbres ni les fleurs dans ce palais somptueux mais vide pour épouser le roi des corbeaux alors elle se lève elle continue sa visite. dans une chambre elle trouve un lit prêt alors elle garde une bougie allumée près d’elle et elle se couche et elle attend. à minuit elle entend le déchirement de l’air le battement d’ailes gigantesques et elle entend le roi des corbeaux se poser derrière la porte [end]
[fDD] femme éteins la lumière [end]
[NS] l’obscurité totale elle entend la porte s’ouvrir les pas du roi des corbeaux. il contourne le lit elle entend elle entend les ailes et les plumes glisser jusqu’à terre et elle sent le lit se creuser près d’elle elle tend la main le froid d’une épée une épée entre elle et son époux et le roi des corbeaux dit [end]
[DD] femme femme sache que ici dans ce pays chaque mot a son poids son importance sa valeur alors écoute bien ce que je vais te dire écoute et entends j’étais autrefois roi parmi les hommes mais un être immonde a jeté un sort sur mon peuple et moi et nous a tous transformés en corbeaux tu peux beaucoup pour nous aider j’attends beaucoup de toi tu as déjà commencé en acceptant de m’épouser mais tu es encore trop jeune il nous faudra attendre sept ans avant d’être vraiment mari et femme et pendant sept ans chaque soir je viendrai te rendre visite chaque matin je repartirai avant que tu ne te réveilles et pendant sept ans tu ne devras jamais essayer de me voir jamais. alors alors tu nous délivreras mon peuple et moi de l’emprise de cet être immonde qui nous tient sous son joug [end]
[NS] la jeune épousée répond [end]
[DD] bien roi des corbeaux j’écoute et j’entends [end]
[NS] au matin le roi des corbeaux s’envole. après avoir remis ses plumes et ses ailes il s’envole alors que sa femme est encore endormie et ainsi chaque soir il revient chaque matin il s’en va et elle elle vit seule tout le reste du temps elle vit seule dans ce palais alors comme elle s’ennuie de temps en temps elle prend un panier le matin tôt elle quitte le palais elle va se promener à travers la campagne elle trompe sa solitude en compagnie des paysannes. un jour un matin alors qu’elle est déjà loin du palais elle voit au loin une mai- une montagne elle va jusqu’à sa- cette montagne elle gravit la montagne et quand elle arrive au sommet elle voit une vieille cabane à côté d’un lavoir et au lavoir il y avait une vieille lavandière qui était là une vieille lavandière plus vieille que le chemin plus ridée que la terre qui était là en train de frotter du linge un linge noir noir comme la suie et elle le frottait sans relâche et la lavandière chantait [end]
[DD] fée fée ta lessive n’est pas encore achevée la vierge mariée n’est pas encore arrivée fée fée fée fée fée ta lessive n’est pas encore achevée la vierge mariée n’est pas encore arrivée fée fée fée fée fée [end]
[NS] alors la reine s’approche et demande si elle peut l’aider. la lavandière arrête de frotter son linge et sans un mot elle tend le linge à la jeune fille qu’elle voit. la reine prend le linge elle le plonge dans l’eau et à peine l’a-t-elle plongé dans l’eau que le linge devient blanc blanc comme le lait alors la lavandière chante [end]
[DD] fée fée ma lessive est achevée la vierge mariée est arrivée fée fée fée fée ma lessive est achevée la vierge mariée est arrivée fée fée fée fée [end]
[NS] puis elle lui dit [end]
[DD] oh reine tu es venue enfin tu m’as enfin délivrée de ma tâche tu m’as soulagée de ma peine mais si un jour toi-même tu as de la souffrance viens me voir je t’aiderai autant que je pourrai maintenant va rentre au palais [end]
[NS] et la jeune reine rentre au palais et le temps passe le temps passe oui. et les derniers mois elle compte les semaines les dernières semaines elle compte les jours les derniers jours elle compte les heures et au matin du dernier jour elle se réveille avec accrochée à son cœur l’impatience les dents de l’impatience qui lui mordent le cœur et depuis le matin à son premier réveil elle se demande [end]
[DD] mais pourquoi attendre ? pourquoi? pourquoi un jour de plus un jour de moins qu’est-ce que cela fait ? pourquoi attendre ? un jour de plus un jour de moins quelle importance ? depuis sept ans j’attends pourquoi un jour de plus un jour de moins qu’est-ce que cela change ? quelle importance pourquoi attendre ? [end]
[NS] et pendant toute la journée cette question qui vient qui l’habite qui la hante. le soir juste avant de se coucher elle cache une bougie allumée dans le meuble qu’elle ferme bien le petit meuble près du lit elle a si bien fermé la porte que l’obscurité est totale dans la chambre elle se couche [end]
[flute music]
[NS] à minuit elle entend le battement d’ailes le froissement de l’air elle fait mine de dormir la porte s’ouvre elle entend les pas les pas de son époux qui contourne le lit elle compte chacun des pas elle entend elle entend les ailes et les plumes glisser le long du corps de son époux elle sent le lit se creuser près d’elle elle garde toujours l’apparence du sommeil et elle attend elle attend et quand enfin elle sent le vent l’air paisible du sommeil quand elle entend le souffle paisible de son époux elle se lève sans bruit elle ouvre la porte du petit meuble et elle prend la bougie elle contourne le lit elle s’approche de son époux [end]
[fDD] il est beau [end]
[NS] jamais de sa vie elle n’a vu un être aussi beau elle s’approche mais en se penchant pour mieux le voir une larme de cire coule se détache de la bougie et vient mordre l’épaule du roi des corbeaux le roi des corbeaux se réveille et il la regarde il se redresse et lui dit [end]
[DD] pourquoi pourquoi pourquoi n’avoir pas attendu un jour de plus je t’avais prévenu je t’avais demandé. pourquoi ? un jour de plus un jour de moins qu’est-ce que cela fait ? pourquoi n’avoir pas attendu depuis sept ans tu attends. pourquoi? je ne t’en veux pas ce qui est fait est fait. par ton geste tu as perpétué notre douleur mon peuple et moi. et maintenant tu dois quitter ce palais car il va se passer des choses ici que tu ne dois pas voir [end]
[NS] et la jeune reine quitte le palais. alors dans le palais un vent souffle une tempête un orage qui souffle et qui s’abat sur dans le palais et par les airs arrive l’être immonde qui tient deux chaînes de fer de cinq cents quintaux chacune et qui s’approche et qui avec ces chaînes de fer attache le roi des corbeaux l’entraîne à travers les airs et l’emporte jusqu’au sommet d’une montagne une montagne plantée sur une île déserte en plein milieu de la mer immense et là il l’attache avec les chaînes de fer il l’attache contre la chair de la pierre il enfonce les chaînes de fer dans la chair de la pierre et il soude avec du plomb et du souffre comme s’il avait été forgeron puis il se tourne vers l’horizon il pousse un cri qui fait trembler le paysage alors d’un- arrivent deux loups un loup blanc un loup noir qui s’approchent [end]
[fDD] loups gardez le roi des corbeaux que nul ne puisse l’approcher ni de jour ni de nuit [end]
[NS] et l’être immonde s’en va à travers les airs et le loup blanc veille le jour et le loup noir veille la nuit et le roi des corbeaux est là attaché contre la chair de la pierre il attend il est au sommet de la montagne cette montagne déserte sur cette île en plein milieu de la mer immense avec ces deux loups qui lat- qui le surveillent le loup blanc qui veille le jour le loup noir qui veille la nuit. sur cette montagne dans cette île dans cette mer immense mais sur une autre montagne la jeune reine marche elle gravit elle gravit la montagne jusqu’à son sommet. arrivée au sommet elle voit la maison de la lavandière celle-ci attend sur le pas de la porte et elle lui dit [end]
[DD] je sais je sais ce qui t’arrive je sais ce que tu as fait tu vas aller chercher ton époux maintenant n’est-ce pas ? ta route sera longue elle sera dure alors prends avec toi ces deux sabots de fer mets-les à tes pieds quand tu les sentiras se briser sous tes pieds tu sauras que tu seras sur le point de re- de libérer ton époux et ta route sera longue et l- et lourde prends cette besace tu trouveras ta nourriture dedans prends cette gourde tu boiras le vin et prends ce petit couteau d’or qui te permettra de couper l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour l’herbe qui brise le fer [end]
[NS] et la reine se met en marche et la lavandière lui dit de loin [end]
[DD] que le courage t’accompagne que la vie t’accompagne [end]
[NS] et la reine marche elle marche trois jours après elle entrait dans le pays dans le pays où il n’y avait ni nuit ni lune dans le pays où le soleil brille toujours et dans ce pays elle marche pendant un an avec à ses pieds ses sabots de fer quand elle a faim elle trouve sa nourriture dans la besace quand elle a soif elle boit le vin dans la gourde quand elle est fatiguée elle se couche à terre et s’endort. à son réveil elle se lève et se remet en marche et elle marche ainsi pendant un an dans ce pays dans ce pays où il n’y a ni s- ni nuit ni lune où le soleil brille toujours et au bout d’un an au bout d’un an elle arrive devant l’herbe bleue bleue de la tête à la racine bleue de la couleur du lin la reine prend son couteau d’or se penche mais le l’herbe bleue lui dit [end]
[DD] non reine non ne me coupe pas je suis l’herbe bleue mais je ne suis pas l’herbe qui chante nuit et jour je ne suis pas l’herbe qui brise le fer [end]
[NS] la reine range son couteau d’or et se remet en marche et elle marche trois jours après elle entre dans le pays où il n’y a ni soleil ni nuit où la lune luit toujours et là pendant un an elle marche avec à ses pieds ses sabots de fer pendant un an elle marche quand elle a faim elle trouve sa nourriture dans la besace quand elle a soif elle boit le vin dans la gourde quand elle est fatiguée elle se couche à terre et s’endort à son réveil elle se remet en marche et elle marche ainsi pendant un an dans ce pays où il n’y a ni soleil ni nuit où la lune luit toujours et au bout d’un an au bout d’un an elle arrive devant l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour et elle entend elle entend [end]
[DD] je suis l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour je suis l’herbe bleu l’herbe qui chante nuit et jour [end]
[NS] alors la reine prend son couteau d’or se penche mais l’herbe bleue lui dit [end]
[DD] non reine non ne me coupe pas je suis l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour mais je ne suis pas l’herbe qui brise le fer [end]
[NS] alors la reine range son couteau d’or et se remet en marche elle reprend sa route trois jours après elle s- elle entre dans le pays où il n’y a ni soleil ni lune où la nuit règne toujours et là dans ce pays elle marche pendant un an avec à ses pieds ses sabots de fer pendant un an elle marche quand elle a faim elle trouve sa nourriture dans la besace quand elle a soif elle boit le vin dans la gourde quand elle est fatiguée elle se couche à terre et s’endort à son réveil elle se remet en marche pendant un an dans ce pays sans soleil et sans lune dans ce pays où la nuit règne toujours et au bout d’un an dans l’obscurité totale qui l’entoure elle entend elle entend [end]
[DD] je suis l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour l’herbe qui brise le fer je suis l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour l’herbe qui brise le fer [end]
[NS] alors la reine fait encore quelques pas et elle sent à ses pieds ses sabots de fer qui se brisent elle prend son couteau d’or se penche et coupe l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour l’herbe qui brise le fer elle reprend sa route trois jours après elle quitte le pays de nuit et entre dans la lumière là elle est au bord de la mer la mer immense à côté d’elle un petit bateau une barque elle monte dans la barque et la barque vogue et navigue pendant sept jours et sept nuits et pendant sept jours et sept nuits elle reste là entre la mer et le ciel au matin du huitième jour elle voit une montagne immense qui surplombe une île au sommet de la montagne un homme est attaché elle le reconnaît c’est son époux le roi des corbeaux elle accoste sur l’île elle met pied à terre et commence à gravir la montagne alors elle voit un loup un loup blanc courir vers elle tous crocs dehors. la reine sort l’herbe bleue et la tend devant elle [end]
[DD] je suis l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour l’herbe qui brise le fer [end]
[NS] le loup blanc s’arrête [end]
[DD] je suis l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour l’herbe qui brise le fer [end]
[NS] le loup blanc se couche [end]
[DD] je suis l’herbe bleue l’herbe qui chante nuit et jour l’herbe qui brise le fer [end]
[NS] le loup blanc s’endort. alors la reine prend son couteau d’or saigne le loup blanc puis elle gravit la montagne arrivée à son sommet elle saigne le loup noir qui dormait et elle s’approche de son époux elle s’approche avec entre ses doigts l’herbe bleue [end]
[DD] je suis l’herbe bleu l’herbe qui chante nuit et jour l’herbe qui brise le fer [end]
[NS] et dès que l’herbe bleue touche les chaînes de fer l’herbe bleue s’arrête de chanter elle est fanée mais les chaînes de fer tombent tombent aux pieds du roi des corbeaux et le roi des corbeaux prend sa femme il la serre contre lui et lui dit [end]
[DD] femme femme tu as su me chercher tu as su venir jusqu’à moi tu as su me libérer. par ton geste mon peuple et moi sommes enfin délivrés du joug et de la malédiction de cet être immonde [end]
[NS] et à ce moment-là le ciel s’obscurcit se noircit de corbeaux les corbeaux viennent se poser autour de leur roi et de leur reine et dès que leurs pattes touchent le sol ils se transforment en hommes en femmes en enfants et ainsi peu à peu autour du roi et de la reine tout le peuple des corbeaux se reconstitue le roi regarde de loin. il voit il voit cent mille vaisseaux qui viennent [end]
[fDD] cent mille vaisseaux approchent d’un roi ami qui viendra bientôt nous chercher qui nous emportera dans notre pays bientôt nous serons de retour [end]
[NS NA NF] c’est ainsi que ça s’est passé et si vous me croyez alors l’histoire sera vraie [end]